mercredi 28 mars 2018

Le bonheur, cette idée neuve

Tomber encore une fois sur une vidéo édifiante d'un ex de Google cherchant à sauver le monde avec un projet "1 billion happy". Il faudrait donc rendre les hommes heureux, trouver des solutions, se mobiliser pour la cause. Pourtant, tenter de faire aux autres ce qu'on aimerait qu'on vous fasse est la pire des menaces pour les libertés (c'était le principe de toutes les utopies mortifères). Il serait plus sage de se contenter de ne pas faire aux autres ce qu'on n'aimerait pas que l'on vous fasse. Passons. 

Au-delà du mépris qu'inspire ce genre de démarche puérile, il existe une hypothèse dérangeante dans ce type de projet : nous serions moins heureux aujourd'hui qu'il y a 20, 50 ou 100 ans. Le bonheur reste en effet une idée neuve, un concept fumeux pour beaucoup et totalement hors de propos pour nos aïeux. Le paysan ou l'ouvrier des années 50 ne se posaient pas ce genre de question : ils essayaient de gagner leur vie, de satisfaire leurs besoins essentiels et profiter de quelques moments de liberté lors des fêtes, congés ou activités personnelles pour s'échapper du quotidien. On vivait du mieux possible, on n'essayait pas d'être heureux. Ce n'était peut-être pas plus mal. 

Maintenant que les besoins primaires sont globalement couverts, le risque de guerre envoyant une génération entière à l'abattoir nul, nos sociétés occidentales ont le luxe de penser au bonheur. Ceci permet d'ailleurs de construire un petit commerce des aides au bonheur, du bonheur augmenté, garanti et sûrement bio. Mais proclamer le devoir d'être heureux (c'est de ceci dont il s'agit) ne fonctionne pas.

Alors sommes-nous plus malheureux ? Certainement pas, les points de comparaisons avec le passé sont totalement absurdes. Nous nous posons juste plus et sûrement trop de questions.

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