samedi 27 avril 2024

Courage

«Le courage, c'est dire la vérité sans subir la loi du mensonge triomphant» 

Jean Jaurès 

Religiosité (païenne)

André Malraux a dit : « le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas ». On ne peut pas lui donner tort en observant la montée. Non pas du religieux, mais d'une religiosité diffuse dans toute la société. André Malraux a dit : « le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas ». Je ne peux pas lui donner tort en observant la montée, non pas du religieux mais d'une religiosité diffuse dans toute la société. Par religiosité, j'entends une accumulation de superstitions, de croyances plus ou moins articulées, faisant système dans l'esprit de nombreuses personnes.

Je pense naturellement à la montée, en puissance des intégrisme, religieux, islamique, juif, chrétien, ou autre. Nous ne sommes pas en présence ici, de croyants passionnés, mais plutôt face à des obsédés des rites, de la forme, plus que du fond, d'une manifestation communautaire et démonstrative de sa foi. Mais cette religiosité diffuse se trouve également dans bien d'autres domaines. Vois par exemple aux influenceurs sur les réseaux sociaux, créant à leur échelle un mini culte autour de leur personne, drainant une masse de fidèles prêts à glorifier les faits et gestes de leur idole. La même dynamique se retrouve lors de manifestations écologistes contre telle ou telle infrastructures, malgré parfois des rapports d'experts permettant de lever les craintes, les plus légitimes.

Le religieux est plus fort que jamais. Je me dis parfois que nous sommes rentrés de nouveau dans une époque païenne, multipliant les idoles, creuses et sans vie.



mardi 23 janvier 2024

La vie rêvée des bourgeois

Flâner sur Instagram est toujours l'occasion de faire un voyage en terre inconnue. La page de The Socialite Familly est en cela un ravissement. 

Il existe ici un art de la mise en scène pour la haute bourgeoisie financière et/ou intellectuelle. Les portraits de famille à la peinture à l'huile sont démodés, place à l'exhibition la présentation de son intérieur.

Tout ici est calme, luxe et volupté. L'appartement parisien fait 200 m2, la maison de campagne est nichée dans un paysage de carte postale. Tout est beau, à sa place, de bon goût. Tout est chic avec le petit détail chiné qui fait la différence. On voit beaucoup de livres aussi. 

Face aux photos surexposées et à l'interview bienveillante ou l'entre-soi suinte à chaque mot, mes émotions oscillent entre envie, admiration et mépris. 

Bien sûr tout est beau et bien pensé. Justement là est le problème : ces intérieurs se ressemblent tous, stéréotypes de classe hurlant leur mépris, décors de théâtres froids et désincarnés. De Chirico n'est jamais très loin, l'être humain lui est ailleurs. Même le souvenir de famille ou l'objet chiné ne parviennent pas à réchauffer l'atmosphère.
Ils sont là comme des astres morts posés sur l'étagère du vide (une étagère à 2000 euros, pièce de designer unique).

Pourquoi l'esthétique du quotidien doit-elle être propre sur elle, bien peignée, sans rien qui dépasse ? Pourquoi admirer ces intérieurs où l'on habite mais où l'on ne vit pas ? Pourquoi ai-je une fascination quasi morbide à regarder ce genre de choses au lieu de regarder des vidéos de chatons ? 

Peut-être dans le fond suis-je un neo-bourgeois essayant de s'approprier les codes des autres, de ceux qui sont établis. L'habitus ne s'achète pas, il s'acquiert lentement, il s'infuse par micro dose. Dans le fond, j'aimerais avoir leur tranquillité d'esprit, moi l'intransigeant (merci à l'autocorrecteur), leur confiance en leur droit divin d'être et d'avoir. Ils ne doutent pas, ils prennent et se donnent à voir, mettant en scène leurs réussites. Ils ont le droit, leur vie est évidente. 

Qu'il doit être doux de vivre dans un océan de certitudes. Ils ont de la chance. Je les jalouse. Je les admire. Je les méprise. Puis je passe à autre chose car il faut bien continuer a vivre avec eux au quotidien et faire oublier d'où je viens.